Les conseils Kerwax : Spring, Plate, Hall, un panorama des reverbs vintage

Pour ce nouvel épisode des Conseils de Kerwax en compagnie de Christophe Chavanon, nous nous attardons sur un indispensable des studios d’enregistrement : la réverbération ou « reverb » en anglais.

Notre fidèle dictionnaire encyclopédique Larousse définit dans son édition de 1947 cet effet de la façon suivante : « Persistance des sensations sonores, dans une salle, après qu’a cessé l’émission du son ». Autant le dire, l’effet est plaisant à l’oreille et les ingénieurs du son ont tout mis en œuvre pour essayer de le reproduire sans avoir à continuellement enregistrer sous les voûtes d’une vaste cathédrale.

C’est au milieu des années 30 que l’effet de réverbération « artificiel » voit le jour grâce à l’entreprise de téléphone américaine Bell qui cherche à recréer l’effet des appels à longue distance. Quelques années plus tard, un certain Laurens Hammond inventeur d’un orgue devenu aujourd'hui légendaire, intègre l’effet dans l’un de ses instruments. La reverb intègre donc par ce biais le monde de la musique en tant qu’effet.

Une histoire de ressorts

AKG BX20

Quand on parle de reverb dans le contexte de l’enregistrement vintage, on commence souvent par associer la reverb à ressorts « spring reverb » au son de guitare, ça semble évident puisque c’est le genre de dispositif qui est installé de base dans les amplis pour recréer l’effet de réverbération à l’aide de ressorts métalliques. Il faut dire que c’est un son qu’on a maintenant l’habitude d’entendre sur ces instruments.

Histoire d’éviter de se perdre, voici comment fonctionne une spring : un transducteur envoie un signal audio le long d'un ressort en métal jusqu'à un capteur placé à l'autre extrémité. Une vibration se crée au sein du ressort et la diffusion du signal le long de ce dernier produit un effet qui se rapproche d’une réverbération naturelle. À partir des années 60, nombreux sont les amplis guitare qui embarquent cette technologie sous la forme d’un « tank » métallique abritant les ressorts. La marque la plus connue est Accutronics, on en retrouve dans tous les amplis « Reverb » fabriqués par Fender.

On peut donc utiliser cet effet sur les guitares, mais aussi dans la musique « dub » appliqué sur une caisse claire. On utilise alors l’effet de façon différente, d’une manière ponctuelle, en envoi d’auxiliaire depuis une console de mixage, pour marquer des accents et créer du contraste dans la musique.

La spring fonctionne également plutôt bien sur les voix, mais ce type de reverb reste très coloré, il a une signature sonore immédiatement identifiable : on entend les « boing » provoqués par le ressort en lui-même lorsqu’on l’attaque fort. On ne peut donc pas l’utiliser tout le temps. Sur la voix, on utilise plus facilement une « plate » dont nous allons parler plus tard.

Au niveau du studio, au moment du mixage et en post-production, on utilisera plutôt des spring reverb plus évoluées, avec des accès à différents paramètres comme l'égalisation et le pre-delay. Ici, j’utilise principalement une AKG BX20, reverb stéréo avec de très longs ressorts, elle a une résonance très “sombre” qu’on adore sur beaucoup de sources à partir du moment où il y a de la place dans le mix...

La plate, ou l’effet encombrant

Une « plate » a un principe de fonctionnement assez similaire à celui de la spring. En utilisant un ou des transducteurs, on fait vibrer une feuille de métal qui va recréer l’effet de réverbération. On récupère ensuite le signal obtenu à l’aide d’un autre transducteur. Les plates sont des effets physiquement encombrants puisque plus on a besoin de longueur dans la reverb et plus la surface de la plaque qui rentre en vibration doit être grande. La plus connue a été fabriquée par EMT, l’inventeur de cet effet, l’EMT 140. En versions à tubes ou à transistors.

C’est une reverb avec une résonance très dense, chargée dans le bas médium, mais avec une queue de reverb très naturelle. Il arrivait parfois, avant d’envoyer le signal dans l’EMT, que l’on mette un pré delay à l’aide d’un magnétophone à bandes, en position « repro » pour obtenir le décalage de quelques millisecondes, afin d’obtenir une reverb encore plus énorme !

Pour se faire une idée de cet effet, il suffit d’écouter des enregistrements des années 60, surtout dans la variété française, la plate y est tout le temps utilisée sur les voix.

Une EMT 140 ouverte

La Hall ou la réverbération naturelle

Une « hall » fonctionne de cette façon : on envoie le signal dans un haut-parleur situé dans une pièce qui offre une réverbération naturelle, le signal est ensuite repris par un micro avant d’être ré-enregistré. Le son étant déjà déformé par le haut-parleur et par la pièce en amont, il faut choisir un micro de qualité, à condensateur de préférence.

Toutes les acoustiques sont intéressantes, on peut faire ça dans sa salle de bain, dans sa chambre, son salon, ou même dehors.

Pour l’anecdote,le célèbre chanteur Lee Hazlewood c’était fait la sienne dans un énorme silo à grain (À l’oreille, difficile de faire la différence avec une plate).

La cage d'escalier de Kerwax

Au studio, j’ai la chance d’avoir plusieurs espaces dédiés, dont une grande cage d’escalier de 18 mètres de haut, entièrement bétonnée, donc très réverbérante, j’arrive à obtenir pas loin de quatre secondes de reverb.

J’utilise plutôt ce genre de reverb sur des cœurs ou des instruments qui sont très mouillés, donc placés le plus loin dans le mix.

La reverb hier et aujourd’hui

Autrefois, parfois exagérée et très timbrée, la reverb était un véritable parti pris artistique, il n’y en avait souvent qu’une seule, où tout le monde devait cohabiter, ce qui donnait cette sensation de « magma sonore ».

Dans les productions actuelles, on utilise plutôt la reverb pour spatialiser les choses, d’une manière discrète pour réussir à distinguer chaque instrument dans un espace donné.

On parle souvent de « dry » et « wet » pour les effets de reverb, ça correspond en fait à la sensation de distance qui existe avec l'instrument, plus on va vers le « dry » ou « sec », plus l’instrument est proche et concret, plus on va vers le « wet » ou « mouillé » plus l’instrument sera loin et diffus.

Je dirais que la musique actuelle est dans une période plutôt “dry” comparer aux 60’s plutôt « wet ».

La qualité d’un bon effet de reverb est lié à « la queue » de celle-ci, c’est-à-dire la façon dont elle va « mourir ». La difficulté avec les effets numériques, c’est qu’ils ont beaucoup de mal à reproduire cet effet de traîne, on se retrouve souvent avec des artefacts qui viennent salir le son, surtout dans les aiguës.

J’ai pu essayer quelques plug-ins dont celui de chez Sonnox, le Oxford, avec de super résultats, mais je laisserai toutefois les connaisseurs et spécialistes de la MAO en parler. La Reverb, c’est La Vie...

Photo de couverture par Jim Ouzi

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