Acheter une guitare d'occasion : les points à vérifier

Acheter un instrument de musique d'occasion, c'est toute une aventure, alors autant partir armé des bonnes connaissances afin de réaliser la meilleure affaire possible.

Plus la guitare a de la valeur, plus les vérifications à mener sont importantes. Forcément, avec un instrument à 40 €, on ne va pas chercher une perle rare avec des réglages impeccables (même si parfois on peut avoir de bonnes surprises) mais on pourra à tout le moins éviter d'acheter un instrument défectueux et irrécupérable…

Les photos

Sur internet, on demandera un maximum de photos (et en réel, on contrôlera les mêmes points de visu). Pour une qualité suffisante, il faut passer par des photos en haute définition, ce qui est possible en direct sur Reverb, mais via d’autres sites, c’est parfois compliqué à cause de limitations de poids des pièces jointes.

Il faut pouvoir vérifier tous les angles de vue afin de vérifier l'état esthétique intégral de la guitare. Si un poc dans le vernis n'est pas un souci en termes de sonorité, cela évitera néanmoins de mauvaises surprises lors de la réception de l'instrument.

Vue du manche par le côté

Ce point de vue permet d'avoir un aperçu de l'action de l'instrument, de la hauteur des cordes par rapport aux micros, du réglage possible ou non du chevalet en hauteur.

L'action est mesurée à la 12ème frette.

La guitare suivante présentait une action étrangement haute, son chevalet étant plaqué sur le corps ne permettant pas de la descendre, il reste deux possibilités de réglage : soit le manche présente un relief trop prononcé et on resserrera le truss rod, soit on placera une cale sous le talon pour créer un léger renversement.

Dans le cas d'une guitare à manche collé, cette seconde solution n'est bien sûr pas envisageable.

Vue du manche par l'extrémité de la tête, plongeant vers le corps

Difficile sur une photo, mais on peut détecter un manche vrillé de cette manière.

Intérieur des cavités

Intérieur d'une cavité électronique,
permettant de voir le mille-feuille
d'un corps en contre-plaqué.

Pour certaines guitares, notamment des asiatiques des années 70 à 90, il se peut que le corps soit fait de contreplaqué. Pour éviter une déconvenue, il faut demander une photo de la cavité électronique et regarder si l'on voit les couches de placages croisées sur les tranches de la défonce. Cela permet aussi de contrôler la qualité de l'électronique et d'anticiper peut-être des travaux de recâblage.

Néanmoins, certaines guitares en contreplaqué ont un rendu sonore digne de grandes lutheries… La guitare en question n'est pas forcément à bouder pour autant !

Cette Meazzi Jupiter, dont la cote dépasse les 3 000 €, a un corps en contreplaqué ! Cependant, rien ne permet de l'imaginer vu de l'extérieur de la guitare.

Meazzi Jupiter

L'usure des frettes

Le mieux est de demander une photo de la 3e frette, sous la corde de sol, c'est le meilleur témoin d'usure d'une guitare. Pour bien l'apprécier il faut demander à ce que la corde soit déviée de sa trajectoire, on voit ainsi beaucoup mieux la profondeur du sillon que la corde peut avoir creusé ou non sous la frette.

Selon l'usure des frettes, votre luthier pourra alors vous préconiser une planification ou un refrettage et vous éviterez de mauvaises surprises budgétaires.

Le collage de la touche

Au séchage et dans le temps, une touche peut prendre du retrait par rapport au manche. Ça peut être désagréable sous les doigts.

Mais ça peut aussi est symptomatique d'une touche qui commence à se décoller et pour laquelle une intervention professionnelle sera nécessaire.

Le sillet

C'est le point crucial en termes de tenue d'accord et parfois on tombe sur des bricolages à base d'allumettes ou de cure-dents. En l'occurrence, celui-ci est bon à changer… (entailles trop larges pour guider efficacement la corde).

La jonction tête-manche

Particulièrement important dans le cas des guitares type Gibson (à tête renversée) une photo de ce détail permet de vérifier une fissure, une fracture, ou un recollage. Un modèle vintage peut voir sa valeur divisée par 3 ou 4 après un recollage.

La jonction corps-manche

Suite à un choc ou une chute, sur les guitares à manche collé, on peut se trouver confrontés à une fissure dans le vernis, voire à un début de rupture de la jonction.

Le dos de la tête

Si à première vue on peut déduire de ce cliché si les mécaniques sont d'origine ou non (on voit souvent des trous pour d'anciennes mécaniques), cela permet aussi de partir à la recherche d'un numéro de série et de vérifier, grâce à quelques recherches internet si l'instrument est bien de la période annoncée dans sa description, voire s'il s'agit d'une contrefaçon.

Pour chercher ce numéro de série ou vérifier d'une date de production, il peut aussi être nécessaire d'aller plus loin comme chez Guild où on retrouve ce numéro au verso de la plaque d'électronique.

Ou chez Fender, en vérifiant l'adéquation des dates du pickguard et du manche.

La jonction corps-manche sur les modèles à manche vissés est souvent l'endroit où l'on retrouve des signatures ou autocollants de contrôle qualité, des dates tamponnées ou des sigles parfaitement indéchiffrables !

Les micros, l'électronique

Enfin pour les modèles les plus collectibles (si, il paraît que ce terme existe…) on va demander au vendeur un cliché de l'arrière des micros et de l'intérieur de la cavité électronique.

On s'assurera ainsi que les micros sont d'origine, que leurs capots n'ont pas été dessoudés, et que l'électronique n'a pas été malmenée. Cela nécessitera, bien sûr, pas mal d'heures de navigation à la recherche des spécifications du modèle étudié.

Famous PAF "Patent Applied For" humbuckers…

L'accastillage

Savoir si une guitare est complète n'est pas très difficile, sauf pour les instruments des années 60 qui pouvaient comporter des pièces qu'on ne connait plus aujourd'hui. Sur cette Domino, il manque la barre de vibrato, mais aussi le capot qui masquait le chevalet.

Guitare Domino

L'état esthétique

Pour éviter d'autres surprises on demandera globalement des clichés de chaque marque apparaissant sur la guitare comme

Les boutons d'attache courroie
Les tranches
L'extrémité de la tête
Les cornes

Pour conclure

Avec tous ces points de contrôle, vous devriez éviter de mauvaises surprises. Ou au moins effectuer votre achat en connaissance de cause.

N'hésitez pas à poser des questions au vendeur mais aussi à votre luthier préféré : celui-ci pourra vous mettre en garde sur un éventuel « défaut de série » (sic) d'un modèle, ou sur un détail à vérifier.

Parfois, seul l'œil aguerri du luthier pourra vous sortir de l'impasse et détecter, comme dans le cas illustré ci-dessous, un défaut non visible à l'œil nu. Ici, un chevalet qui a cintré sous la tension des cordes et ne respecte plus le radius du manche.

L'auteur : Gildas DasViken est ingénieur-luthier de père en fils depuis décembre 2013. Il lance son entreprise à Nantes avant de s'installer en centre-Bretagne où il fabrique désormais des guitares éco-responsables, aux finitions naturelles en utilisant des matériaux de récupération et des composants made-in-France

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