Qui a vraiment inventé la guitare électrique ?

Quelle que soit l’invention, celle-ci est toujours accompagnée de sa propre histoire. Parfois, il est bon de creuser un peu pour démêler le vrai de la légende.

Quelle que soit l’invention, celle-ci est toujours accompagnée de sa propre histoire. Parfois, il est bon de creuser un peu pour démêler le vrai de la légende.Karl Benz est connu comme l’inventeur de la première voiture à essence, mais il existait déjà à l’époque des roues, des véhicules et des moteurs à explosion un peu partout. Thomas Edison a inventé le phonographe, mais bien d’autres avant lui avaient déjà réussi à enregistrer et à reproduire du son.

Qui alors est derrière l’invention de la guitare électrique ? La réponse n’est pas évidente.

Comme la voiture de Benz ou le phonographe d’Edison, la guitare électrique n’est pas vraiment une invention, mais plus le résultat d’une série d’évolutions. L’instrument en lui-même n’est pas resté figé dans le temps, il a évolué depuis sa première version établie au milieu du XXe siècle.

Les guitares électriques que nous utilisons tous les jours sont nées grâce à l’électrification du son, les demandes des musiciens et la compétition entre les différents acteurs du marché. De nombreuses évolutions ont jalonné l’histoire de cet instrument pour en arriver aux modèles que nous utilisons aujourd’hui.

George Breed

En 1890, un officier de l’US Navy du nom de George Breed déposa le brevet d’un appareil permettant de produire de la musique grâce à l’électricité. L’appareil était installé sur une guitare et permettait de transformer les vibrations produites en courant électrique.

L’invention de Breed produisait un son qui a été décrit comme « très particulier et très éloigné du son d’une guitare ». Son appareil n’était pas destiné à amplifier et à reproduire le son de l’instrument sur lequel il était installé, mais Breed fut le premier à électrifier un instrument à cordes.

Lloyd Loar

Guitare Vivitone Acoustive

En 1919, un certain Lloyd Loar alors responsable de la qualité chez Gibson expérimenta pendant cinq ans différents micros et systèmes d’amplification. En 1923, il fabriqua même un prototype de guitare harpe électrifiée, l’année suivante, il travailla sur une basse électrifiée et joua même sur un violon électrique de sa fabrication lors d’un concert. Mais à l’époque, Gibson ne travaillait que sur les banjos et les mandolines et l’entreprise trouvait que l’idée d’électrifier des instruments acoustiques était complètement ridicule. Frustré par les refus successifs infligés par Gibson, et fatigué de devoir se battre continuellement, Loar et deux associés décidèrent de démissionner.

But Gibson was focused on banjos and mandolins at the time, and the brand scoffed at the idea of electrifying acoustic instruments. Frustrated by Gibson’s refusal to progress — and tired of fighting it — Loar and two associates resigned.

En 1933, Loar, accompagné par d’autres personnes, fonda l’entreprise Vivi-Tone qui devait permettre de proposer sur le marché de nouveaux instruments électriques. L’entreprise créa plusieurs modèles acoustiques électrifiés mais arrêta finalement la production de guitare pour se tourner vers les claviers.

Stromberg–Voisinet et Vega

À la fin des 1920, le banjo ténor dominait le marché des instruments de musique frettés, c’était donc un candidat de choix permettant de tester l'implantation de micros. Comme Georges Gruhn et Walter Carter l’expliquent dans leur ouvrage Electric Guitars and Basses: A Photographic History, l'entreprise Vega fut la première à mettre sur le marché un banjo électrique en 1928.

La même année, le magazine The Music Trades sorti un article faisant la publicité des nouveaux produits électriques de l’entreprise Stromberg-Voisinet.

Publicité Stromberg ancienne
Photo via Vintage Guitar

On peut lire dans l’article : « Le micro électro-magnétique est fixé directement à la table de l’instrument. L’ensemble est connecté à un amplificateur qui permet de produire le son et le volume requis pour amplifier l’instrument. »

Les ventes de guitares s’envolaient, Stromberg-Voisinet lança donc en 1929 une publicité sur laquelle on pouvait voir deux banjos et deux guitares électrifiées équipées de leurs micros et accompagnées d’un amplificateur.

Plus tard rebaptisée, Kay, Stromberg-Voisinet est l’entreprise qui a lancé la première guitare électrique sur le marché en 1929.

Cela dit, difficile de dire si cette guitare électrique a été effectivement produite par Stromberg-Voisinet. Il n’en existe en tout cas aucune preuve à l’heure actuelle.

Si Stromberg-Voisinet a fabriqué des guitares, ce n’est pas cette entreprise qui a inventé la guitare électrique. Les brevets pour les micros existaient déjà avant cet épisode.

Adolph Rickenbacker et George Beauchamp

Un immigrant suisse du nom d’Adolph Rickenbacker (né Rickenbacher), créa son atelier d’usinage à Los Angeles en 1925. La « National String Instrument Corporation » faisait partie de sa clientèle et chargea Adolph de fabriquer des corps métalliques pour des guitares résonateur.

À la même époque, un drame se déroulait chez National. Le membre-fondateur George Beauchamp venait de claquer la porte de l’entreprise devant le refus de cette dernière de le laisser développer des guitares électriques alors que George avait fait de grandes avancés d’un point de vue technologique.

Beauchamp jouait de la guitare Hawaïenne et comprenait très bien le problème des guitaristes comme lui qui devait faire face à un problème taille lorsqu’il fallait jouer avec un groupe : personne ne pouvait les entendre. C’est le même problème qu’il tenta de résoudre en développant les guitares métalliques à résonateur avec l’aide de John Dopyera pour le compte de l’entreprise National.

Expérimentant avec différents designs de micros, Beauchamp arriva à créer un micro deux aimants, en forme de fer-à-cheval, passaient au dessus des cordes et encadraient une bobine électro-magnétique. Six aimants individuels venaient compléter le micro, un pour chaque corde.

Les premiers micros étaient microphoniques, chaque vibration de la caisse était captée. Le design de Beauchamp permettait de ne capter que les vibrations électromagnétiques, les cordes en métal venant perturber un champ magnétique créant ainsi un signal électrique.

Ce design sacrifiait le son acoustique de la guitare, mais réglait le problème de volume. Ce nouveau concept fut peu à peu accepté par les musiciens.

Ro–Pat–In Corporation

Beauchamp, Rickenbacker et d’autres démissionnaires de National s’allièrent en 1931 pour créer la « Ro-Pat-In Corporation ». Malheureusement, plus personne n’est là pour pouvoir expliquer ce nom si étrange, mais Ro-Pat-In est la première société connue pour avoir produit la première guitare électrique utilisant un micro moderne.

Le micro de Beauchamp fut fabriqué dans un corps en aluminium d’une guitare hawaïenne, c’est ce qu’on retrouve sur son brevet de 1932 (révisé deux ans plus tard pour devenir le Patent US2089171 A). Travaillant avec des anciens de chez National comme Paul Barth et Harry Watson, Beauchamp construisit un prototype de guitare électrique métallique.

Le corps rond et petit de cette guitare lui valu le surnom de « Frying Pan » (poêle à frire).

Rickenbacker modèle Ken Roberts

Mise en production en 1932, la Poêle à frire était disponible en deux modèles de tailles différentes : la A22 et la A25. Ro-Pat-In réussit à vendre l’année de son lancement, treize packs comprenant guitare et ampli.

Rot-Pat-In vendra les premiers modèles sous la marque Electro. Le nom changera à nouveau en 1934 pour Electro String Instrumental Corporation et les guitares seront estampillées Rickenbacher Electro Instruments. La marque Rickenbacker était née avec un petit changement dans l’orthographe.

En 1935, suite aux modèles A22 et A25, Electro String proposa le Model B qui était proposé avec un manche carré de lap steel ou avec un manche arrondi de guitare classique. (Spanish guitar).

En 1935, Beauchamp et Rickenbacker proposèrent une guitare de modèle Ken Roberts. Ce modèle était équipé d’un micro en fer-à-cheval et du tout premier tremolo designé par Doc Kauffman, le tout monté sur le corps d’une guitare archtop Harmony.

La Ken Roberts fut la première guitare électrique à manche rond jamais produite à moins de cinquante exemplaires.

Gibson

Gibson décida finalement de se mettre à l’électrique en 1934, à cette époque l’entreprise fabriquait de grosses guitares archtop et dreadnought pour tenir la compétition avec Martin et Epiphone. En 1935, Gibson lança la E-150, un lap steel à corps métallique devant faire concurrence à la Poêle à frire.

En 1936, Gibson mit sur le marché sa première guitare électrique à corps creux. Ce fut le modèle EH-150 qu’il était possible de s’offrir accompagné d’un ampli Lyon & Healey pour 150 dollars.

Lap Steel Gibson E-150

La même année, Gibson proposa sa première ES pour « Electric Spanish » : la ES–150, une guitare à corps creux équipée de deux ouïes en forme de f, un micro rectangulaire baptisé le « Charlie Christian » et de deux contrôles.

Gary Hart de chez Gibson déposa un brevet pour ce micro installé sous les cordes qui n’entrait donc pas en compétition avec celui d’Adolf Rickenbacker et son micro passant au-dessus des cordes.

Gibson ES-150

Paul Bigsby et Merle Travis

Merle Travis

En 1947, le musicien Merle Travis passa commande à Paul Bigsby pour qu’il lui fabrique une guitare électrique équipée d’un corps plein. Travaillant tous les deux sur le design, ils créèrent un instrument magnifique.

Cette guitare crée par Bigsby et Travis présagea de l’avenir des guitares électriques avec son corps à un pan coupé (copié, cinq ans plus tard par la Gibson Les Paul) et ses six mécaniques montées d’un seul côté de la tête.

D’après Gruhn et Carter, deux experts du vintage, Bigsby serait certainement connu comme le père de la guitare électrique s'il avait réussi à fabriquer de nombreuses guitares, il n’en fabriqua qu’une poignée.

Son nom est maintenant plutôt associé au système de vibrato présent sur de nombreuses guitares depuis les années 1950.

Leo Fender

Entre 1943 et 1944, Leo Fender commençait alors tout juste à réfléchir sur ses premiers modèles de guitares électriques. La première vague de guitares électriques venait déjà de passer et la Seconde Guerre mondiale, ralentira le développement de cet instrument.

Mais l’idée de Leo Fender n’était pas uniquement de fabriquer une nouvelle guitare, mais plutôt de pouvoir fabriquer des guitares électriques en masse. Alors que les autres fabricants s’arrachaient les cheveux pour s’approcher au plus près du son acoustique avec leurs guitares électriques, Leo décida de retourner de le problème et de faire de ce son électrique sa force.

Fender Esquire; 1953

Après avoir formé la société K&F au milieu des années 40 (avec Doc Kauffman qui avait déjà travaillé sur les Rickenbacher Electros), Leo fonda la Fender Electric Instrument Company en 1946.

George Fullerton rejoindra Fender en 1948, ils travaillèrent ensemble à la fabrication de guitares électriques à corps plein simples, fiables et faciles à fabriquer. Équipée d’un micro à simple bobinage, l’Esquire fut mise sur le marché en 1950, la version à deux micros, la Broadcaster suivra quelques années plus tard. Ces guitares électriques marquèrent l’histoire en tant que premier vrai succès commercial.

La Broadcaster fut rebaptisée la Telecaster peu de temps après son lancement, et ce modèle est toujours fabriqué de nos jours.

Les Paul

À 12 ans, en 1927, le jeune Les Paul, guitariste et bricoleur de génie eu une idée. Il installa le micro de son tourne-disque dans sa guitare acoustique et installa le micro d’un téléphone démonté sous les cordes, le tout branché dans le poste radio de ses parents pour faire office d’ampli.

Afin d’éviter les effets de larsen dûs à l’acoustique de sa guitare il bourrait son instrument de vieux chiffons, il commença à réfléchir à un modèle à corps plein.

Gibson Les Paul Goldtop

Vers 1939, Les commença à travailler sur un premier prototype qui tenait de la création du docteur Frankenstein et qui sera surnommée « The Log » (la bûche).

Un morceau de pin formait la section centrale du corps de cet instrument. Les micros étaient vissés directement dessus et ils étaient recouverts par des pièces d’horloges. La guitare était également équipée d’un tremolo rudimentaire.

Les Paul monta sur le morceau de pin un manche de Gibson série L et utilisa deux morceaux de guitare Epiphone de part et d’autre pour créer quelque chose ressemblant à une guitare.

Paul apporta sa Bûche chez Gibson en 1941, ils rirent bien de lui. Mais Gibson recontacta Les au début des années 50 lorsqu’ils décidèrent qu’il était temps de concurrencer la nouvelle Broadcaster et la Precision de Fender. En 1951, Gibson signa un contrat et le nom de Les Paul fut associé aux guitares à corps plein. La Les Paul « Goldtop » sera mise sur le marché en 1952.

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