Les conseils Kerwax : l’enregistrement vintage de la basse

Christophe Chavanon nous avait fait visiter son studio d’enregistrement Kerwax dans l’un des épisodes de notre série Tour de France.

Christophe Chavanon C. Martinez

Nous avons décidé aujourd’hui de nous plonger, en sa compagnie, dans l’histoire des techniques d’enregistrement afin de vous proposer une série de plusieurs articles qui mettront en lumière les clefs qui permettront, à de nombreux musiciens et passionnés de l’enregistrement, de nourrir leurs connaissances du matériel vintage.

Nous allons découvrir avec lui des secrets et des conseils en lien avec l’enregistrement, de la guitare à la batterie, en passant par le choix des micros, l’utilisation des effets purement analogiques et des magnétophones pour obtenir des enregistrements teintés de vintage.

Aujourd’hui, passons en revue les techniques d’enregistrement de la guitare basse.

L’instrument a toute son importance

Si on cherche à obtenir un son à l’ancienne, on choisira des cordes à filets plats qui ont très peu de sustain, la basse sonne un peu en « carton », le type de son obtenu avec ces cordes est très facile à placer dans un mix.

Évidemment, quand on branche une vieille Höfner montée avec des filets plats directement dans un préampli, le son qui en sort est assez particulier et pas forcément « vendeur ».

Mais une fois placé dans le mix, il y a une sorte d’effet qui vient clairement limer les fréquences, permettant un placement de l’instrument parfait dans le spectre sonore.

Se passer d’ampli ou pas ?

La basse, et les fréquences qui sont produites par cet instrument ne sont pas faciles à capter. Il est parfois difficile d’obtenir un son propre et dynamique en enregistrant directement un ampli avec des micros. On obtient trop souvent un son qui bave et qui manque de définition.

L’ampli n’est pas forcément flatteur. Il ne faut pas oublier que, sur les amplis à lampes pour basse, les transformateurs de sortie offrent souvent une réponse en fréquence optimale qui s’effondre autour des 70 à 40 Hz, conjuguée avec un haut-parleur un peu « lâche » et on se retrouve rapidement avec un son très boueux et caverneux lorsque l'on joue sur des gros stacks. Par contre l'utilisation d'un petit combo de basse puissance type Ampeg B-15 Portaflex est tout à fait indiquée.

C’est un problème qui ne date pas d’hier, déjà dans les studios de la Motown, on utilisait la plupart du temps des boîtiers de DI pour enregistrer directement les guitares basses.

Un boîtier de DI, dans sa plus simple expression, c’est un transformateur avec une entrée pour l’instrument et une sortie pour envoyer le signal vers du matériel d’enregistrement. Il est constitué de deux bobinages qui permettent d’adapter l’impédance de la guitare basse afin d’attaquer correctement un préampli ou une tranche de console avec le moins de perte de signal possible.

L'utilisation d'une DI pour l'enregistrement d'une basse permet également de faire travailler le préamplificateur pour obtenir de la chaleur et, si c'est le but recherché, apporter de la distorsion au son.

Boîtier de DI constitué d'un transformateur

Le micro n’est pas à bannir pour autant

Bien sûr dans beaucoup de studios, comme Abbey Road par exemple, on utilisait quand même un ou plusieurs micros devant les amplis basse en plus d’une DI, même si le nombre de pistes disponibles à l’époque faisait passer le procédé pour du luxe.

Honnêtement, c’est le plus souvent la prise directe avec la DI qui l’emportait. Quand on a besoin de définition dans le son de basse, l’utilisation de la prise directe est la seule façon de l’obtenir vraiment.

Lorsqu’il faut enregistrer une guitare basse avec un micro, j’aime bien utiliser un Shure SM-7, c’est un micro dynamique fabriqué pour le broadcast, taillé pour la voix, mais qui fonctionne super bien pour la basse.

Il existe un autre cas de figure, celui où la basse est là en soutient et accompagne vraiment la grosse caisse, on pourra utiliser un ampli, repris par un micro, qui va venir remplir le spectre sonore avec ses fréquences basses.

Là, l’utilisation d’un ampli et d’un micro peut se justifier. Mais si on cherche à enregistrer une basse qui « parle », qui a un phrasé mélodique, l’utilisation de la DI est, encore une fois, indispensable.

Et la contrebasse ?

Pour ce qui est des contrebasses et des basses acoustiques, on utilisera plutôt un micro à condensateur qui, avec sa précision, permettra d’enregistrer les petits détails comme le glissement sur les cordes ou les mouvements de doigts, toutes ces petites choses qui font la vie de l’instrument. C’est exactement ce qu’on recherche avec ce genre d’instrument, bien plus que les fréquences les plus basses.

Deux enregistrements célèbres de basses décryptés

Lou Reed « Walk on the Wild Side »

Dans l’album Transformer de Lou Reed, le morceau « Walk on the Wild Side » offre un son de basse qui a marqué des générations, dès les premières notes, le morceau est immédiatement identifiable.

Pour créer ce son, ils ont utilisé une contrebasse et une basse électrique en DI. La prise directe était trop sèche, ils ont voulu rajouter quelque chose de plus, mais un ampli basse aurait manqué de précision, ils se sont alors tournés vers une contrebasse reprise avec des micros. On se retrouve avec un bon compromis et un son unique à la clef.

Lou Reed - Walk on the Wild Side

Serge Gainsbourg « Histoire de Melody Nelson »

Un autre exemple qu’il est possible de citer, c’est l’album Histoire de Melody Nelson de Serge Gainsbourg. La basse utilisée sur l’album est très certainement une Burns Bison jouée par Dave Richmond branchée dans un ampli ou/et en DI comme le montrent certaines des photos des sessions d’enregistrement de l'époque.

Pour obtenir ce son si caractéristique de l’album chez vous, il est possible d’utiliser, par exemple, une Fender Precision branchée en DI et d’ajouter de la mousse au niveau du chevalet pour étouffer les cordes.

On enlève donc tout le sustain, on ne garde que la précision et l’attaque du son de basse. Le tout est directement enregistré avec une DI. C’est une technique très simple à reproduire et qui offre immédiatement un son très caractéristique de cet enregistrement du début des années 70.

Serge Gainsbourg - Melody

Vous venez de lire le premier entretien en lien avec l’enregistrement vintage réalisé au studio Kerwax, en compagnie de Christophe Chavanon. Pour ne manquer aucun épisode de cette nouvelle série, n’hésitez pas et abonnez-vous pour recevoir directement le prochain article qui sera consacré à une autre technique d’enregistrement vintage.

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