6 choix obscurs dans l'histoire de Gibson

Comme nous l’avons tous remarqué, les temps sont durs chez Gibson. Alors, que va-t-il se passer pour cette marque qui a marqué l’histoire de la guitare ?

Gibson remis à flots, le capitaine largue les amarres, lèche son doigt et le pointe vers le ciel pour connaître la direction du vent. Espérons qu’il évite la tempête et qu’il arrive bien en terre promise...

Le voyage risque d'être long, c’est pourquoi j’ai préparé en guise d’avertissement une liste de six choix obscurs faits par Gibson au cours de son histoire.

Le Photon

J.T. Riboloff rejoint Gibson en 1987 en tant que designer au sein du Custom Shop et commence rapidement à travailler sur de nouveaux designs. Sa première tâche est de fabriquer une guitare synthétiseur. À cette époque, Gibson venait d’acquérir K-Muse qui fabriquait le Photon (un adaptateur MIDI pour guitares utilisant des micros optiques).

Système MIDI K-Muse Photon

La mission de J.T. Riboloff consistait à installer les systèmes Photon à l’intérieur des guitares en production. Ce procédé devait aussi pouvoir servir de base pour les modèles à venir. Il a percé quelques trous dans une Steinberger appartenant au guitariste John Goodsall (Gibson venait d'acquérir la marque) et a installé le système Photon dans la guitare pour expérimenter avec.

J.T. Riboloff trouvait l'installation du système Photon dans les guitares Gibson complètement absurde. Il a réalisé un tas de Les Paul Custom noires. « Tout était noir, des mécaniques Grovers en passant par le tremolo Khaler. J'ai installé le micro Photon, le seul micro de la guitare. Il n’y avait aucun bouton, aucun switch. On a ajouté un jeu de corde et accordé le tout en Mi.

« Je me suis équipé pour pouvoir faire n'importe quelle guitare. J'ai fabriqué tous ces gabarits. Je pouvais prendre des guitares de l'entrepôt ou des corps provenant de l’usine de production, les câbler pour recevoir la prise à 24 broches D-jack, et finir par tout faire à la main. » Il soupire et finit par ajouter : « J'ai été surnommé “the Photon guy” pendant un certain temps. » Mais l'expérience Photon n'a pas duré.

La révolution des « Robot »

Les guitares étant des créatures analogiques, il vaut mieux ne pas se planter avec elles. Tout le monde connaît le système controversé d’accordage automatique de Gibson, mais les premiers signes du cheminement de la marque vers les nouvelles technologies sont arrivés en 2006, avec la promesse d’une nouvelle guitare digitale, la HD.6X-Pro. C’était une Les Paul équipée d’un micro supplémentaire directement vissé dessus. Il permettait de faire fonctionner la guitare via un ordinateur, directement dans une interface d’enregistrement.

La Gibson HD-6X Pro de 2006

L’année suivante, Gibson franchit une nouvelle étape avec la sortie de la série de guitares « Robot ». Plusieurs modèles, principalement les Les Paul et les SG, étaient équipées de la première version de ce système d'auto-accordage si controversé, utilisant des mécaniques motorisées. Gibson pensait plaire au public en proposant un système de sélection automatique d’accordage standard et de six accordages programmables.

En 2008, Gibson va plus loin avec la Dark Fire, une Les Paul qui associe un nouveau système d’accordage automatique plus avancé. Le système Robot incluait des mécaniques motorisées, un chevalet « auto-tuning » et un cordier avec transmission de données. Il a ensuite été remplacé par le système Min-ETune, puis (encore aujourd’hui, selon le site Web de Gibson), par le système G Force. Enfin, il y a eu la Firebird X en 2010, une version ratée de la Firebird non-reverse accompagnée de mécaniques Robot et de toute la panoplie robotisée.

En résumé, tout ceci ne tient absolument pas compte de la tendance conservatrice des guitaristes, souvent pessimistes en matière de nouvelles technologies, et du plaisir simple que procure aux oreilles le son de la rencontre entre les cordes et les frettes.

Les micros des Les Paul Personal

Les Paul avait des idées de design de guitares qui ne coïncidaient pas toujours avec la vision marketing de Gibson. Par exemple, il aimait particulièrement les micros à faible impédance. Dans les années 60, la majorité des guitares électriques et des équipements liés à la guitare étaient à haute impédance. Les Paul disait que les micros à faible-impédance permettait d’obtenir une tonalité plus large. Cela peut sembler être un avantage, mais cette gamme tonale n'était pas nécessairement du goût de tout le monde.

Les Paul Personal de 1969

Les Les Paul Professional, Les Paul Personal et Les Paul Bass ont été lancées en 1969. La Personal ressemblait à l’une des Les Paul modifiée de Les, jusqu’au jack micro placé sur le bord supérieur du corps.

Les deux guitares Gibson (la guitare de Les et la Les Paul Personal) étaient dotées de réglages de volume, de basse, d'aigu et d’un sélecteur de micro, ainsi que d'un contrôle à 11 positions, « pour gérer les hautes fréquences », un sélecteur de tonalité trois positions permettant de modifier à volonté la configuration de la guitare. La Personal avait également un bouton de réglage de volume pour l’entrée micro installé sur le dessus de la caisse.

Les deux guitares avaient besoin d'un câble spécial avec transformateur intégré pour adapter la faible impédance de leurs micros à un niveau correct afin de pouvoir utiliser des amplis à haute impédance. Les guitares n'ont pas rencontré un grand succès et ne sont pas restées longtemps en rayon. Je me souviens avoir vu Terry Kath de Chicago avec une de ces guitares, mais c’était une exception. Malgré une deuxième tentative avec la sortie de quelques modèles de Les Paul Recording en 1971 et 1977, l'idée fut abandonnée.

Est-ce une Gibson ou un Pollock ?

Vous vous souvenez des années 80 ? Jackson Pollock et les autres s’amusaient à se recouvrir le corps de formes et de dessins en tout genre. Génial ! Gibson a voulu faire pareil. Gibson a échoué.

Publicité Gibson de l’époque

« Exprimez-vous », disait la publicité de 1984 de la nouvelle campagne Gibson. Les designers avaient pris les modèles de l’époque, la Flying V et l’Explorer, comme exemple et les avaient recouvertes de gribouillages faits à la peinture. On aurait dit l’œuvre d’art d’enfants de cinq ans venant de découvrir l'expressionnisme abstrait.

L’explorer avait l’avantage d'être équipée d’un pickguard qui minimiser l’effet, contrairement à la Flying V qui était, elle, entièrement barbouillée. Ces différents modèles portaient de doux noms tels que « Blue Splash », « Lido » ou encore « Wavelength », qu’on pourrait simplement qualifier de gribouillis multicolores, et, enfin, on vous laisse imaginer à quoi pouvait ressembler la « Fireworks » (feu d’artifice).

À court de noms appropriés pour ces inventions, Gibson a fini par donner des numéros aux autres d’options : l’option « 21 », par exemple, représentait de fines rayures noires à angle droit, et la « 32 » des rayures noires formant un triangle sur chacune des ailes du Flying V. Toute cette histoire a duré moins d'un an.

Un corps sans tête, avec une tête

Les modèles Gibson Corvus et Futura, lancés en 1982, s’inspiraient de la popularité naissante des guitares sans tête. Steinberger avait lancé la tendance avec une basse électrique sans tête en 1981, et pendant un certain temps, une succession de grands et de petits créateurs semblaient obsédés par l'idée de trancher une tête ou deux et de passer aux guitares sans tête. Gibson s’est aussi prêté au jeu.

Chuck Burge, du département Recherche & Développement de Gibson, a conçu un modèle avec une encoche profonde au niveau de la base du corps, là où les mécaniques, censés se trouver sur la tête manquante, devaient prendre place. Bruce Bolen était à la tête de la R & D, qui était encore basée à l’époque dans les anciens bâtiments de Kalamazoo, alors que l’équipe de marketing de Gibson se trouvait à 800 kilomètres de là, dans la nouvelle usine de Nashville.

La Futura de 1983 de Gibson

« L’équipe marketing a vu nos prototypes » m’a dit Bolen, « et ils ont dit, « Oh non, il faut qu’il y ait une tête là-dessus » Ils ont donc ajouté un truc sur le dessus et ont totalement foiré le design.

Gibson a lancé la nouvelle version de la guitare équipée d’une tête en 1982 sous le nom de Futura, dont le manche était traversant, et qui, comme la Corvus, avec une tête vissée, chacune conservant leur corps particulier que certains assimilaient à un ouvre-boîte. Très peu de guitares ont été vendues et, en quelques années, elles avaient disparu.

La mal nommée « Junior Special »

La logique est en générale une amie fidèle. Malheureusement, celle-ci abandonne Gibson lorsqu’il décide en 2001 de nommer un modèle de guitare Les Paul Junior Special Plus.

La Les Paul Junior Special Plus de 2001

Si cette guitare était destinée à des acheteurs potentiels avec un minimum de connaissances en histoire, ils auraient sûrement rappelé à Gibson qu'une Junior est une guitare équipée d’un seul micro, et qu’une Special est équipée de deux micros.

La Junior Special Plus s'est avérée être une Special, c’est-à-dire une Special single-cut avec deux humbuckers. Elle n’est restée que quelques années au catalogue. Gibson pensait peut-être que les jeunes guitaristes du nouveau millénaire ne se souciaient guère de l’histoire. J'en doute. Et l'histoire se poursuit en ce moment même, alors même que vous lisez ceci.

Toujours sur le même sujet des noms de guitares foireux, on peut citer la guitare TV. La TV est un modèle vu pour la première fois en 1955. Il n’existe pas de TV Special. Une Les Paul simple micro des années 50 est une Junior, sauf s'il s'agit d'une finition beige ou jaune, qui, dans ce cas là, devient une TV. Un modèle à deux micros est toujours une Special, quelle que soit la finition. Compris ?

Anyway, so much for my selected takes on a handful of the missteps and poor calculations that Gibson has made through the years. You really want to tell us about some of the others, too, right?


À propos de l'auteur: Tony Bacon écrit sur les instruments de musique, les musiciens et la musique. Il est co-fondateur de Backbeat UK et de Jawbone Press. Ses livres incluent The Ultimate Guitar Book, The Les Paul Guitar Book, and Electric Guitars: Design And Invention. Son dernier livre est une nouvelle édition d' Electric Guitars: The Illustrated Encyclopedia (Chartwell). Tony habite à Bristol, en Angleterre. Plus d'infos sur tonybacon.co.uk.

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