Hendrix, Page, et le monde des effets : une conversation avec Roger Mayer

Derrière chaque personne qui brille sur scène, il y a souvent un cerveau, caché, qui fait tenir la baraque. Derrière des artistes vénérés, comme Jimi Hendrix, Bob Marley ou Jimmy Page, il y avait l’extraordinaire fabricant de pédales d’effets, Roger Mayer.

Depuis la fin des années 60, Mayer aspire à l’excellence. Ses équipements pour studio et guitares apparaissent dans certains des albums les plus vendus de tous les temps. On s’est assis avec Roger pour discuter de son parcours, de comment a commencé son amitié avec Hendrix, et où en est son travail aujourd’hui.

Vous avez commencé votre carrière à l’Admilralty Research Laboratory (ARL). Qu’est ce qui vous a donné l’envie de vous mettre à la conception d’effets pour guitares, et qui s’est intéressé en premier à vos créations ?

Depuis tout jeune, j’ai grandi en écoutant des albums R&B américain, alors que ma sœur était en école d’art, et était toujours à la pointe en ce qui concerne les artistes underground en vogue. Chez moi, parmi les groupes locaux, on trouvait des guitaristes comme Jeff Beck et Jimmy Page, et les weekends, on se retrouvait et on écoutait les dernières découvertes U.S. chez JP, à Epsom, avec Jeff.

La distorsion venait d’apparaître sur les disques américains, et ça m’a encouragé à concevoir ma première pédale de fuzz, qui a immédiatement été utilisée sur des tubes de Jimmy et Jeff, alors que leurs carrières décollaient.

Au boulot, je capturais et j’analysais des vibrations sonores, finalement, c’était très proche de la création de sons de guitare. La première fois que j’ai rencontré Jimi Hendrix, j’étais à l’ARL, et à l’époque, mes tous nouveaux concepts de fuzz apparaissaient dans des tubes. Jimi expérimentait le son iconique de mon dernier effet sur « Purple Haze » - l’Octavia – qui est devenu mon effet de marque.

Comment avez-vous rencontré Jimi Hendrix ?

Je l’ai rencontré la première fois après mon 21e anniversaire, après l’un de ses concerts au Bag O’Nails à Soho, Londres. Après avoir été époustouflé par son concert, je me suis présenté, en backstage, et on s’est tout de suite perdus dans une conversation sur le son, et sur comment je voulais créer quelque chose de totalement différent.

Roger Mayer, Mitch Mitchell, Jimi Hendrix, et Noel Redding

Il m’a invité à un concert la semaine suivante, où je lui ai fait entendre l’Octavia pour la première fois, sur un petit ampli, en backstage. Il était tellement enthousiaste et impressionné par ces nouveaux sons qu’il m’a invité à l’Olympic Studio plus tard, la même semaine, pour les overdubs des solos de son deuxième hit « Purple Haze » et « Fire ».

Notre amour commun pour la science-fiction et l’espace nous a amenés à considérer le son de guitare différemment. Jimi voulait ne sonner comme personne avant lui – on voulait être en avance, pas dans le peloton. On voulait simplement créer quelque chose d’original, et on n’avait aucune idée d’à quel point ça allait avoir du succès, et influencer tant de monde.

Je pense sincèrement que les sons de ces albums sont toujours autant fascinants aujourd’hui qu’à l’époque. Et, alors que l’Octavia n’était qu’un simple outil qui aidait Jimi à obtenir ce son, la magie résidait, bien sûr, dans ses mains et sa tête.

Tourner avec Hendrix en 68, ça devait être quelque chose. Vous avez des souvenirs qui vous ont marquées ?

L’opportunité de voyager avec Jimi aux Etats-Unis au début de 1968 était une façon de me remercier personnellement pour le travail et le temps qu’on a passé ensemble en 1967, le tout menant à la sortie d’Axis : Bold As Love en Décembre 67. Mon rôle était d’aider Jimi et de faire le support technique indépendamment, sans m’occuper du management.

Il n’y avait que le road manager, moi-même, Jimi, Mitch et Noel, voyageant ensemble, conduisant souvent sur de longues distances pour arriver à temps pour les concerts. On a pu rencontrer un tas de musiciens américains célèbres, et on a toujours essayé de faire le plus de concerts possibles. Jimi, bien sûr, voulait toujours s’asseoir et jouer, tout simplement.

La grosse différence, selon moi, est que chaque soir en tournée est complètement différent de la veille. L’acoustique de la pièce, la scène et le matériel peuvent changer d’un jour à l’autre, prendre connaissance des réalités logistiques chaque jour est primordiale pour la meilleure expérience possible.

Un album, au contraire, est spécialement conçu pour être joué et apprécié quel que soit le pays, le support ou l’heure. Les concerts ont été une importante expérience visuelle et musicale – les gens acclamaient Hendrix quand il enlevait sa veste. Mon désir de créer des sons iconiques est donc plus compatible avec le studio que la scène.

Après une carrière à succès de création de matériel de studio, est ce que vous aviez prévu de vous diriger vers la création de pédales d’effets ?

Roger Mayer

Je n’ai jamais fait la distinction entre les différentes catégories de l’électronique musicale, tout ce qui importe, c’est l’objectif. Même à mes débuts, ce qui m’intéressait, c’était de faire des hits qui se démarquaient par leur qualité, leur innovation, et qu’ils ne soient pas comparables à d’autres. L’enregistrement est le maillon d’une chaîne, dont chacun ne doit pas être analysé séparément, ce qui compte, c’est le résultat final.

Quand j’ai emménagé à New-York, j’avais la chance d’être capable d’évaluer la différence entre le son et techniques des meilleurs studios américains et anglais, ce qui m’a amené à développer une gamme de matériel qui fut très bien reçu par les studios du monde entier.

J’ai été contacté par des groupes, aux USA, à propos de mes pédales – après qu’ils les aient entendues dans les albums d’Hendrix. Le matériel de studio présente un plus grand défi à concevoir et peut être utilisé dans des styles musicaux différents, et dans toute sorte d’environnement. À cette époque, environ, j’ai aidé à fabriquer le synthétiseur analogique utilisé pendant l’enregistrement de Music of My Mind de Stevie Wonder aux studios Electric Lady. Bien que mes effets aient été utilisés au départ exclusivement par Jimi, ils finirent par se retrouver sur beaucoup de hits.

Le marché est bien plus saturé aujourd’hui qu’à vos débuts. Qu’est ce qui fait que vos pédales se démarquent encore autant en studio qu’en live ?

D’après certains artistes, et selon moi, mes pédales offrent de la clarté, de la dynamique et – quand elles sont utilisées en studio – elles se démarquent. Certaines de mes créations les plus modernes utilisent une technique particulière, qui permet à l’instrument branché d’intervenir directement avec le résultat sonore. Ce procédé très complexe ne peut être conçu qu’avec une grande expertise de l’électronique. C’est très facile de copier une fuzz toute simple, mais faire en sorte qu’elle se démarque sur un tube ne l’est pas.

Quand je suis retourné vivre en Angleterre au début des années 90, quelques groupes indés de l’époque, comme les Stone Roses, My Bloody Valentine et Dinosaur Jr. M’ont contacté pour mes créations. Cette demande de la part de tous ces groupes en route vers le succès en dit long sur la qualité et la clarté de mes effets. Cette clarté et cette qualité sonore ne sont pas accidentelles, et les succès planétaires de Jimi Hendrix, Stevie Wonder, et Bob Marley en sont témoins.

Votre dernière création, la Visage, se vend très bien depuis sa sortie. Parlez nous un peu de ce modèle, et de comment votre relation avec Hendrix se retrouve dedans.

En tournée avec Jimi, on avait acheté les meilleurs fuzz du commerce qui nécessitaient d’être bidouillées et réparées. Pour un usage en studio, j’ai commencé à travailler sur ma propre version de la Fuzz Face, ce qui a donné la nouvelle Axis Series. La Visage permet au musicien de s’amuser avec les sons des différents albums de Hendrix, tout ça avec une simple pédale.

En partant d’un circuit relativement simple, en rajoutant quelques câbles, on peut atteindre 45 différentes options sonores dans une seule pédale. Il n’y a pas une myriade de boutons sur la pédale, il suffit juste d’ouvrir l’arrière, obtenir le son qu’on veut, et ça sonne bien. Rien pour vous compliquer la vie ou vous distraire – juste vous, la pédale, et l’ampli, à jammer et s’amuser – tout comme on le faisait, Jimi et moi, au Speakeasy, pendant de nombreuses soirées.

En tournée, personne ne veut voir le guitariste fixer ses pieds, à essayer de se rappeler laquelle de ses 20 pédales, il doit activer. Les gens veulent voir le guitariste jouer, avec quelques sons simples, et donner au public un super show.

Pour finir, qu’est ce que l’avenir réserve pour les pédales Roger Mayer ?

Les produits les plus récents ont tous le processeur 456HD, utilisé aujourd’hui par de grands producteurs, et présents sur des gros albums comme le dernier Roger Daltrey, ou les albums de Manic Street Preachers. La profondeur et les dynamiques de notre simulation de bandes multi-pistes ont impressionné des labels comme des DJ de radio. C’est du matériel de studio, donc les fans de pédales, ne vous enthousiasmez pas trop, mais la continuité et l’amélioration de ce qui existe déjà est primordial, pour nous.

Si vous voulez vivre l’expérience des enregistrements de légende, on vous propose les préamplis micro 4 canaux de classe A - tous dotés du processeur 456HD – et le célèbre limiteur stéréo RM58, également avec le processeur 456HD. Ce matériel d’enregistrement convertira vos pistes en numérique de la meilleure des manières, recréant la qualité légendaire des années 70.

comments powered by Disqus

Reverb Gives

Vos achats aident les programmes de musique destinés aux jeunes à obtenir le matériel dont ils ont besoin pour faire de la musique.

Compensation de l'empreinte carbone liée aux expéditions

Vos achats aident également à protéger les forêts, notamment les arbres traditionnellement utilisés pour la fabrication d'instruments.

Oups, il semblerait que vous avez oublié quelque chose. Veuillez corriger les champs affichés en rouge.