Visite guidée au SynthFest France 2019

Pour sa 6e édition, le SynthFest France avait installé ses quartiers sur la Butte Sainte Anne au cœur de la ville de Nantes. Au programme de cette édition consacrée aux synthés modulaires, des concerts, des démonstrations, des masterclass et des ateliers DIY.

Durant ces trois jours nous avons eu l’occasion de croiser de nombreux passionnés, des fabricants, mais aussi quelques grands noms du monde de la musique électronique qui répondent toujours présents année après année. Mais pour commencer le mieux est de discuter au coin d’une table avec François Astier, l’un des organisateurs de l’événement.

Comment est né le SynthFest et pourquoi Nantes ?

À l’origine de ce festival, il y a deux personnes : Bertrand Loreau et Olivier Briand qui font partie d’une association qui porte le nom de Patch Work Music. C’est une asso qui a pour but de faire connaître les artistes locaux qui œuvrent dans le domaine des synthétiseurs et plus particulièrement de le courant de la « Berlin School » représenté par des artistes comme Tangerine Dreams ou encore Klaus Schulze. L’idée est donc venue de créer un événement pour fédérer tout ça et pour également encourager les artistes du label Patch Work Music.

Des invités qui ont marqué les précédentes éditions ?

 

On a la chance d’être sur un créneau sur lequel nous n’avons personne en « concurrence », il y a une sorte de bienveillance extraordinaire qui entoure le SSF depuis sa création. Les professionnels du métier nous contactent donc souvent d’eux même et viennent sur le festival. En terme de VIP vous avez dû croiser Michel Geiss qui est un collaborateur de Jean-Michel Jarre, Frederick Rousseau qui a également travaillé avec Jean-Michel mais aussi avec Vangelis.

On a aussi des artistes qui viennent comme Jean-Philippe Rykiel ou encore Éric Mouquet de Deep Forest, qui est l’un des rares français à avoir obtenu deux Grammy Awards dans sa carrière. Des artistes étrangers aussi, la pianiste ukrainienne Vika Yermolyeva est venu plusieurs fois au SFF ou Johannes Schmoelling l’un des musiciens historique de Tangerine Dream.


Le SynthFest France édition 2019 était divisée en plusieurs lieux, un espace où l’on pouvait retrouver les marques de tous horizons comme Eowave, Arturia, Roli ou encore Clavintage, un atelier de réparation et de modification de synthés qui ne cache pas son penchant pour le modèle Juno-106 de Roland mais aussi une scène pour des démonstrations et des concerts toute la journée.

Olivier Grall et le ARP 2500

À l’extérieur, on pouvait découvrir un petit endroit clos dans lequel œuvrait Olivier Grall, un passionné de synthés vintage qui présentait là une partie de sa collection en plus d’assurer le son du festival derrière sa console de mixage. Au programme : un ARP 2500 et un 2600. On pouvait également découvrir un Fairlight CMI qui magnétisait bon nombre de visiteurs. Ces appareils ont été particulièrement samplés par des marques comme Arturia pour créer leurs banques de sons.

Atelier DIY

Un atelier DIY était également organisé par les français d’Eowave et Touellskouarn le vendredi. Les participants pouvaient repartir avec leur création, réalisée fer à souder en main.


Nous avons ensuite pris le temps de discuter avec Frederick Rousseau, un compositeur français à la discographie et à la carrière impressionnantes.

Quel est votre parcours de musicien, qu’est-ce qui vous a amené à la musique électronique ?

   
ARP 2600

C’est ma curiosité qui m’a entraîné vers la musique électronique. Il faut dire que c’était le début, on ne trouvait quasiment rien en France ni en Europe, tout se passait aux États-Unis. Il fallait y aller pour découvrir les constructeurs comme ARP. Les productions de l’époque ont aussi beaucoup joué sur mon envie de mettre les mains dans cette musique, de pouvoir donner une nouvelle dimension, de nouvelles sonorités, de ne plus être coincé avec une basse, batterie, guitare et piano.

J’ai comme base une toute petite formation classique, mais je pense que c’est mon amour de la musique qui m’a guidé tout au long de ma carrière et dans mon travail.

Votre premier synthé c’était ?

Ce sont mes parents qui m’ont rapporté d’un voyage aux États-Unis un ARP 2600 qu’ils avaient trouvé à New-York. J’étais tellement passionné par les instruments que pendant qu’ils étaient absents j’étais allé dans une grande surface pour acheter un Roland SH-quelque-chose. J’ai donc eu la chance de pouvoir commencer tout de suite avec deux instruments. On est là à la fin des années 70.

Comment ça a commencé avec Jean-Michel Jarre ?

Plusieurs années après j’avais monté un magasin « Music Land » avec Francis Mandin sur le boulevard Beaumarchais à Paris. Jean-Michel Jarre était le parrain du magasin et un jour, il est venu nous parler de la tournée en Chine. Il voulait qu’on invente une machine qui puisse faire jouer toutes les séquences directement en live, sur scène. De mon côté, je bossais avec d’autres boîtes et j’ai pu fabriquer le modulaire qu’il fallait pour programmer tout le concert, reproduire les séquences d’Oxygène, d'Équinoxe et bien d’autres. On a par la suite travaillé ensemble jusqu’en 1984, puis j’ai basculé avec Vangelis.

Une anecdote en lien avec le matériel utilisé sur la tournée en Chine ?

Alors oui, mais ce n’est pas lié au matériel de musique. Jean-Michel avait dans son studio en France une super machine à café expresso. On s’est dit que ce serait chouette de l’emmener en tournée avec nous. Lors de la première date, on branche l’engin et on commence à payer des cafés bien serrés à tout le monde, les techniciens chinois sur place n’étaient pas habitués, on avait l’impression qu’il étaient dopés après l’avoir bu, ils couraient partout !

Quel artiste vous a le plus marqué dans votre carrière ?

Ce sont des artistes et des albums qui m’ont marqué et c’est selon l’intérêt que je portais à tel type de musique à l’époque. Quand j’étais gamin, j’adorais Oxygène, mais j’écoutais aussi Frank Zappa ou du classique avec mon père. En fait c’est plutôt un album par catégorie, par genre que j’aime, c’est difficile de choisir sinon.

Une chose que j’ai noté, et qui est décevante c’est qu’il n’y a pas un album actuel qui pour moi pourrait rejoindre ce « top » à part quelques musique de film comme celle d'Interstellar que je trouve remarquable et pourtant Hans Zimmer fait d'habitude un peu toujours la même chose. C’est magnifique, je ne comprends pas qu’il n’est pas réussi à faire un truc comme ça pour Blade Runner.

Un modulaire proposé en kit par le magazine Elektor il y a quelques décennies

Et sur la scène française actuelle ?

Actuellement, je dirais que c’est Chloé, elle ne se laisse pas démonter, elle va chercher de nouvelles technologies, je suis très surpris de ce qu’elle fait.

Hardware ou plutôt software ?

Les deux me branchent. Le fait de pouvoir emmener son matos dématérialisé partout et de pouvoir bosser dans un train ou noter une idée, je trouve ça génial. Après, pour moi, on ne s’amuse pas à essayer de reproduire le son d’un instrument hardware sur un plugin, ça n’a pas d’intérêt pour moi. L’intérêt c’est de créer un nouveau son par les possibilités offertes par le virtuel.

Le hardware n’est pas exempt de défauts, le format Eurorack est d’ailleurs un vrai problème. Ça n’a souvent pas de sens de mettre autant de réglages sur un si petit format. Le hardware doit être pensé, il doit y avoir une réflexion derrière, c’est très important et c’est ce que Moog a su faire avec ses machines. Quand l’engin est face à toi, il y a un plaisir qu’on ne retrouve pas avec un ordinateur.

Pour moi un Minimoog est humainement juste, c’est-à-dire qu'il est à taille humaine. On peut tout régler sans se déplacer, juste en le prenant dans ses bras !

 
                                 
comments powered by Disqus

Reverb Gives

Your purchases help youth music programs get the gear they need to make music.

Carbon-Offset Shipping

Your purchases also help protect forests, including trees traditionally used to make instruments.

Oops, looks like you forgot something. Please check the fields highlighted in red.