Tony Platt dévoile les secrets du son d’Angus Young sur « Back in Black »

« Je jouais dans un groupe à l’école, mais c’était uniquement parce que j’avais un van et que j’étais capable de réparer la sono » raconte Tony Platt en rigolant. C’est finalement ce qui l'a fait s’orienter vers le métier d’ingénieur du son plutôt que celui de rock star.

Tony Platt

C’est une visite passionnante des locaux de la BBC qui décidera de son choix. « J’étais dans cette régie, entouré par d'incroyables magnétophones Studer et par des racks complets de matériel audio, c’est là que j’ai décidé de devenir ingénieur du son. »

Tony postula pour un poste dans tous les studios d’enregistrement de Londres. N’ayant reçu aucune réponse, il était prêt à changer de choix de carrière et devenir contrôleur aérien. Mais le destin en décida autrement et deux offres d’embauche dans des studios lui furent proposées.

« Une des studios Trident, l’autre des studios Kingsway » se souvient Tony. « J’ai décidé d’aller chez Trident car ils étaient un peu plus rock’n’roll. »

Se faire les dents sur du Rock’N’Roll

C’était vraiment une époque faste pour les studios Trident, Les Beatles, David Bowie et Elton John faisait partie de la liste des artistes qui y avaient enregistré.

Platt se souvient, « Je croisais des gens comme ça tous les jours, je leur préparais du thé et des sandwichs ». Roy Thomas Baker, Ken Scott, Robin Cable et David Henshall étaient les ingénieurs, et Tony Visconti faisait beaucoup de travail.

« Le premier magnéto 16 pistes que j’ai touché, c’était un 3M M56. Ils avaient également des Ampex 2, 4 et 8 pistes ainsi qu’une console Sound Techniques avant que Malcom Toft n’installe la première console Trident alors que j’étais là. Ils avaient une énorme collection de micros, pleins de U 67, de AKG C28, de C12 et de D 25, du super matos. »

Tony a poursuivi sa route et a été approché par Island Records en 1970. « C’était vraiment quelque chose qui me branchait. Island et Olympic étaient vraiment connus. Des groupes anglais comme les Rolling Stones et les Who voulaient enregistrer là-bas car Glynn Johns bossait avec des consoles Helios. Andy Johns travaillait également là-bas.

« Dans les autres artistes qui sont venus, il y avait Steve Still de Crosby, Still and Nash qui avait fait un album sur lequel Jimi Hendrix jouait, mais aussi Mott The Hoople, Free, Fairport Convention et John Martyn. On enregistrait aussi beaucoup de reggae. »

« Les gens disaient "vous êtes en session avec Led Zeppelin" comme si c’était le groupe superstar du moment. Mais c’était des musiciens pros qui avaient déjà joué avec nous en session, on les connaissait vraiment bien. »

Platt commença par assister Brian Humphries lors de sessions d’enregistrement avec Roger Waters et les Rolling Stones. Il travailla également sur le légendaire morceau de Lez Zeppelin, Stairway to Heaven. « Les gens disaient "vous êtes en session avec Led Zeppelin" comme si c’était le groupe superstar du moment. Mais c’était des musiciens pros qui avaient déjà joué avec nous en session, on les connaissait vraiment bien. »

Tony Platt commença à travailler comme ingénieur du son à plein temps avec Chris Blackwell et Bob Marley sur l’album Catch A Fire. « Il savait vraiment ce qu’il voulait, c’était vraiment génial de travailler avec lui sur cet album. On n’avait pas énormément de matériel pour l’enregistrement, on avait juste un U 67 et un 1176 ! »

Alors qu’il voulait travailler en indépendant, un ami de Tony acheta les studios Saturn et il se retrouva au poste d’ingénieur en chef et supervisa la transformation en Pebble Beach Sound Recorders. « Nous avons fait les premières démos des Stranglers qui leur ont permis d’êtres pris par Universal. On a fait beaucoup de punk, The Adverts, Penetration, certains des meilleurs morceaux punk. »

Le son d’Angus Young

Avec le temps, Platt devint connu pour ses enregistrements au son british. Il le décrit comme « un son rond et chaud de guitares saturées qui gardent un côté assez acoustique. On entend encore les cordes. Le plus important était que les musiciens jouent tous en même temps, dans la même pièce. »

AC/DC - Highway to Hell (Vidéo officielle)

À la fin des années 70, le producteur Mutt Lange appela Platt pour qu’il l’aide à obtenir ce son avec le groupe australien AC/DC sur leur album Highway To Hell.

Platt se souvient, « ils enregistraient dans les studios Roundhouse, un endroit sonnant très mat. Le crunch était là, mais la pièce de prise n’aidait pas à obtenir le son qu’il fallait. J’ai installé quelques enceintes Altec Lansing aux studios Basing Street et je les ai utilisées comme source de réverbération pour certaines parties guitare et batterie. Les enceintes étaient équipées de gros haut-parleurs et de tweeters pavillonnaires qui m’ont permis de d’obtenir plus de crunch sur les guitares. »

Highway To Hell est devenu un album incontournable de AC/DC, c’était le dernier enregistrement sur lequel chantait Bon Scott qui allait décéder peu de temps après sa sortie. Mutt et Tony ont enregistré le morceau Back In Black avec le nouveau chanteur, Brian Johnson aux studios Compass Point.

« Les gens me demandaient comment j’avais réussi à obtenir ce son sur les enregistrements de guitare d’Angus Young et je répondais : "il vous faut un ampli Marshall, un baffle Marshall, une Gibson SG Standard et Angus !" »

L’album se vendra à 50 millions d’exemplaires et aida Tony Platt à devenir une référence dans le milieu de l’enregistrement.

« Les gens me demandaient comment j’avais réussi à obtenir ce son sur les enregistrements de guitare d’Angus Young et je répondais : "Il vous faut un ampli Marshall, un baffle Marshall, une Gibson SG Standard et Angus !" »

« J’ai appris que seuls les amplis Marshall pouvaient permettre d’obtenir ce son. Personne n’a réussi à me ramener quelque chose de mieux. Il faut quand même savoir ce que vous voulez en faire. Si vous ne trouvez pas la bonne combinaison de guitare, de joueur, de tête et de baffle, vous pouvez passer des heures à tourner en rond. »

Young utilisait un Marshall 1959 Super Lead Plexi 100 watts, des baffles 4 x 12 pouces 1960AX, 1960BX et une guitare Gibson SG Standard.

Les astuces « ampli » de Tony Platt

Platt a travaillé sur plusieurs morceaux de Iron Maiden, leur guitariste, Dave Murray était un utilisateur d’ampli Marshall et de Stratocaster. Après avoir enregistré des tonnes de guitaristes, Platt a forgé ses propres règles pour obtenir un super son facilement.

« Pour certains sons, vous devez parfaitement accorder l’impédance de l’ampli à celle du baffle, 16 Ohms dans 16 Ohms. Si vous voulez avoir un bon crunch, utilisez des haut-parleurs qui soient fait pour encaisser une puissance très proche de la puissance délivrée par l’ampli. L’overload doit venir des haut-parleurs et non pas de l’ampli. Il existe une vraie différence entre le son d’un ampli qui overdrive et un haut-parleur qui overdrive. »

Tony Platt

Platt ajoute, « il est vraiment important d’entre le son de l'instrument avant de lui mettre un micro devant. Les choix déterminants pour obtenir un bon son : le bon instrument, le bon micro et le bon endroit dans la pièce d’enregistrement. »

Pour enregistrer les amplis, Tony a développé sa propre technique.

« Avec la stéréo, vous enregistrez de nombreuses sources sonores pour ensuite les spatialiser sur deux pistes. Il est vraiment difficile de régler tout ça à la perfection, en ajoutant de la reverb on peut réussir à adoucir le son. »

« AC/DC n’aimaient pas utiliser des effets, j’ai donc inventé cette technique avec deux micros U 67. Enregistrer un ampli avec deux micros, c’est vraiment magique car il est possible de créer une image différente du son enregistré. »

Platt aime travailler sur des consoles d’enregistrement imposantes. « Je viens juste de mixer un groupe français et j’avais 12 mix sur lesquels travailler au même moment. Quand il fallait remettre en place les réglages sur les vieilles consoles, il fallait presque compter une journée pour un seul mix. Maintenant, c’est quelque chose qui me prend quelques minutes. »

Tony Platt a même ses petites préférences en terme de matériel vintage. « J’ai toujours été un grand fan des Pultec. Passer un signal à travers permettait d’obtenir immédiatement beaucoup de chaleur. Universal Audio a réussi à parfaitement reproduire ce son sur leurs machines. Le compresseur Helios F700 est incroyable, le ADR Compex F760 l’est aussi. »

Et en terme de matériel actuel : « Neumann fabrique un TLM67 que peu de personnes connaissent, c’est un micro incroyable. Il a tout ce qu’il faut pour en faire un super micro moderne sans transformateur, mais il sonne comme un U 67. »

Après 45 ans passés à faire ce métier, Tony Platt le considère toujours comme le « meilleur boulot de l’univers » et ajoute « ne pas avoir choisi de devenir contrôleur aérien a certainement était un bon choix, le trafic aérien est devenu beaucoup moins amusant. »

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