Le matériel préféré de Jaco Pastorius

Difficile de se dire que Jaco Pastorius nous a quittés il y a maintenant plus de 30 ans. Son influence reste indéniable et incontournable. De ses premières compositions à son approche innovante de l’utilisation de la basse électrique, Jaco Pastorius a tracé la voie de nombreux bassistes et compositeurs modernes.

L’utilisation qu’il a su faire des harmonique et sa maîtrise parfaite ont propulsé la basse d’un instrument d’accompagner à quelque chose de totalement indépendant et novateur. Jaco Pastorius a su montrer grâce à son énergie dans son jeu et à l’utilisation de distorsion le potentiel de cet instrument, plus tard, son travail avec d’autres artistes comme Joni Mitchell ont su montrer son talent pour l’accompagnement.

De Marcus Miller à Victor Wooten, en passant par Robert Trujilo et Christian McBride, Jaco a su inspirer un nombre incalculable de bassistes aujourd’hui encore.

Nous avons décidé chez Reverb de lui rendre hommage et de passer en revue le matériel qu’il a utilisé tout au long de sa carrière de bassiste.

Jaco Pastorius a indiqué lors d’une interview donnée à Guitar World Magazine, qu’il possédait 245 basses. Jetons un œil aux modèles les plus marquant qu’il a eu entre les mains.

Les premières années

Jaco et sa Fender Jazz Bass de 1966

Alors que Jaco n’avait que 15 ans, il utilisa l’argent qu’il avait gagné en distribuant des journaux pour s’offrir sa première basse : une Fender Jazz Bass de 1966 dans une finition Sunburst. Cette basse resta sa principale jusqu’en 1971, c’est celle qu’il utilisait le plus avec son groupe Las Olas Brass et son trio de R&B Woodchuck.

Durant cette période, Jaco utilisait des amplis Sunn de 200 watts. Un soir lors d’un concert d’un de ses amis, il découvrit le son d’un Acoustic 360/361. Le baffle équipé d’un haut-parleur inversé de 18 pouces offrait un son qui lui plut immédiatement, il offrait un rendu bien plus organique que son baffle équipé d’une paire de haut-parleurs JBL de 15 pouces.

Contrebasse

À cette même époque, Jack Pastorius, le père de Jaco, lui offrit une contrebasse. Il en achètera une autre en 1968 sur laquelle il jouera lorsqu’il était au lycée et qu’il revendra en 1971 à Bob Bobbing pour s’offrir une Jazz Bass noire de 1960 à potentiomètres jumelés.

Jazz Bass de 1960, la numéro 1

Jaco modifia sa basse pour retourner sur une configuration à deux réglages de volume et un seul de tonalité, il indiquera dans une interview que « le circuit équipé de potentiomètres jumelés n’offrait pas assez de dynamique… Lorsque vous jouez avec un groupe, la basse n’arrive pas à sortir du mix. Vous devez alors augmenter le volume de votre ampli, jouer très fort pour au final vous retrouver avec un ampli foutu ».

Jazz Bass de 1960

Pendant l’été 1971, Jaco décida de remplacer les frettes abîmées de sa Jazz Bass. Le biographe Bill Milkowski indique que Jaco voulait remplacer les frettes mais qu’il remonta au final des cordes pour jouer un concert avec Tommy Strand and the Upper Hand.

Il eut beaucoup de difficultés à garder un accordage correct et à se faire entendre, cette basse fut la première étape qui amena Jaco aux basses fretless et à l’achat de sa fameuse « Bass of Doom ».

« Bass of Doom »

Au début des années 70, Jaco Pastorius récupéra une Fender Jazz Bass de 1962 qu’il surnomme alors la « Bass of Doom ». Cet instrument partira dans des tournées aux quatre coins la planète avec Weather Report, Bireli Lagrene et plus tard avec Metallica.

Fender Jazz Bass de 1962

D’après la légende, le jeune Jaco Pastorius acheta cette basse chez un prêteur sur gages californien pour 90 $. L’instrument était en très mauvais état, il n’avait plus de frettes et avait été très endommagé par le précédent propriétaire. Jaco acheta la basse, boucha les rainures laissées par les frettes absentes, ajouta une couche de pâte à bois et termina le travail en appliquant plusieurs couches de vernis Poly-poxy.

Au début de l’année 1986, le luthier et technicien guitare de Jaco, Kevin Kaufman reçu un coup de fil de Jaco lui expliquant qu’il n’arrivait plus à jouer correctement sur sa basse. Ce que Kaufman ne savait pas c’est qu’il allait devoir faire face à un gros travail de reconstruction sur la Bass of Doom. Apparemment, la basse se brisa après que Jaco l’ait jetée dans des escaliers en béton au milieu d’une dispute. Le luthier californien reçut les restes de la basse dans un carton pas plus grand qu’une boîte à chaussures.

Après plus de 150 heures de travail digne d’un chirurgien, Kevin Kaufman et Jim Hamilton réussirent à reconstruire la Bass of Doom. La basse avait été brisée en plus d’une dizaine de morceaux.

Tête brisée de la « Bass of Doom »

La « Bass of Doom » en pièces

Kaufman livra lui-même la basse réparée à Jaco qui vivait alors à l’époque à New-York. Jaco fut aux anges de pouvoir retrouver sa Bass of Doom et enregistra avec « Moodswings » le soir même.

En décembre 1986, Jaco Pastorius retourna en Floride. Il venait tout juste de perdre sa fameuse basse. Certains disent que Jaco laissa sa Bass of Doom sur un banc de Central Park ou de Greenwich Village. Quoi qu’il en soit, l’instrument disparaît pendant 20 ans.

En 2006, la Bass of Doom réapparaît dans un magasin de guitare de la ville de New-York où un vendeur anonyme la dépose pour un prix de 1 000 $. Le magasin lui achète au final pour 400 $. Elle restera accrochée à un mur du magasin jusqu’en novembre 2007, le patron du magasin décide d’appeler Kevin Kaufman. Kaufman authentifie l’instrument comme étant la Bass of Doom et propose de contacter la famille de Jaco. Mais le patron du magasin refusa de donner ou de vendre la basse à la famille, entrainant des années de procès. C’est finalement le bassiste de Metallica Robert Trujillo, un grand fan de Jaco, qui décida d’acheter cette basse directement au magasin.

Jazz Bass de 1960, la numéro 2

À cette époque, Jaco joue beaucoup également sur une Fender Jazz Bass de 1960 qu’on peut apercevoir lors de ses concerts avec Weather Report . Il semblerait que ce soit cet instrument qu’il utilisa pour l’enregistrement de son opus « Portrait of Tracy ». On peut facilement différencier cette basse de la Bass of Doom grâce à la présence de rayures au-dessus du pickguard.

Jaco et sa Jazz Bass numéro 2

Rack MXR Digital Delay

Jaco était connu pour utiliser de nombreux effets pour sculpter son son. L’un de ses favoris était un rack MXR Digital Delay qu’il utilisait pour créer différentes textures de son. Il utilisait souvent cet effet pour créer des boucles de rythmique comme sur le morceau « Slang ».

Rack MXR Digital Delay

Il avait également l’habitude de pousser à fond le canal fuzz de son ampli Acoustic 360 pour atteindre un son chaotique comme sur « America the Beautiful ».

Autres instruments

Breslin acoustique 5 cordes

Jaco et sa Breslin acoustique 5 cordes

Jaco utilisait également une basse fretless 5 cordes acoustique fabriquée par le luthier Larry Breslin. Une superbe basse acoustique de 34 pouces possédant un corps fabriqué entièrement en palissandre du brésil.

Malheureusement, la tête de l’instrument se brisa dans les années 1980, Jaco donna la basse à Kaufman, ce dernier la conserve toujours.

Hiroshima Bass (Fender Jazz Bass de 1962)

Jaco avec sa Hiroshima Bass

Plus connue pour son apparition sur la jaquette de Twins et d'Invitation ou en couverture du magazine Bass Player de Janvier 1991, cette Jazz Bass de 1962 fut l’une de ses dernières favorites. Il la jeta dans la baie d’Hiroshima lors de la tournée japonaise de 1982 Word of Mouth.

Guild Pilot

Publicité Guild avec Jaco

Larry Hartke indiqua que Jaco jouait sur un Guild Pilot custom entre 1984 et 1986.

Jaco présenta Larry Hartke à Mark Drong, le fils du fondateur de Guild. Mark était venu présenter la nouvelle Guild Pilot à Jaco. Jaco insista le fait que son nouveau baffle Hartke équipé de huit haut-parleurs de 8 pouces était vraiment génial.

Prototype Hartke

Au milieu des années 80, Jaco utilisa les haut-parleurs de Larry Hartke équipés de membranes en aluminium. Le prototype original de cabinet Hartke 810 était en fait un baffle Ampeg SVT équipé des nouveaux haut-parleurs en remplacement des Ampeg à membranes papier.

Larry Hartke livra le premier prototype 810 à Jaco à New-York, le reste n’est que de l’histoire.

L’influence de Jaco est partout. Cela fait maintenant 30 ans que nous avons perdu une légende de la basse fretless, il continuera à influencer des générations de musiciens après lui.

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